Emma Perinet
5 min
L'écriture inclusive est un ensemble de pratiques linguistiques visant à assurer une représentation égalitaire des genres dans la langue française. Elle répond à une volonté d'éviter l'invisibilisation du féminin dans les discours et d'encourager une communication plus inclusive et équitable.
Historiquement, la langue française a privilégié la règle du "masculin qui l'emporte sur le féminin", ce qui a contribué à une invisibilisation des femmes dans de nombreux contextes. L'écriture inclusive vise à corriger cette asymétrie en introduisant des pratiques qui mettent en avant l'égalité des genres dans la communication écrite et orale. Elle permet notamment :
L'écriture inclusive repose sur plusieurs techniques permettant d'assurer une meilleure représentation des genres dans la langue française. Voici quelques pratiques courantes :
Le langage épicène consiste à employer des termes neutres ou universels qui ne marquent pas le genre. Par exemple, au lieu de dire les enseignants (qui sous-entend une majorité masculine), on peut préférer le personnel enseignant. D'autres alternatives incluent les membres du corps professoral ou l'équipe pédagogique.
Le doublet genré consiste à mentionner explicitement le masculin et le féminin dans un texte. On écrira ainsi les citoyens et les citoyennes, les employés et les employées, afin d'assurer une représentation égale des genres. Cette méthode peut être appliquée dans la communication institutionnelle et administrative pour éviter toute ambiguïté sur la population concernée.
Cette méthode consiste à regrouper les formes masculine et féminine en un seul mot, comme les utilisateurices, les chercheureuses ou les conducteurices. Elle permet de gagner en concision tout en mais ne peut pas être utilisée pour tous les mots (exemple : étudiant et étudiante).
Pour alléger le doublet genré, plusieurs solutions graphiques existent :
Cette approche est surtout utilisée dans la communication écrite et peut poser des difficultés de lecture pour les personnes en situation de handicap (notamment les personnes utilisant des lecteurs d'écran).
De nombreux noms de métiers ont longtemps été utilisés uniquement au masculin. Aujourd'hui, la féminisation permet de rendre visibles les femmes dans ces professions. Par exemple, on préférera dire une autrice plutôt que un auteur, une cheffe plutôt que un chef, ou encore une professeure plutôt que un professeur. Dans certains cas, de nouveaux termes sont créés, comme ingénieure ou pompière, pour répondre aux évolutions de la société.
Une autre règle permet de favoriser l'égalité des genres dans l'accord des adjectifs : la règle de proximité. Plutôt que d'appliquer la règle classique ("le masculin l'emporte"), on accorde l'adjectif avec le mot le plus proche. Par exemple :
Cette règle, bien que non officielle dans l'usage académique, tend à être utilisée dans certains cercles militants et progressistes.
Pour une mise en œuvre réussie de l'écriture inclusive, plusieurs recommandations peuvent être suivies :
Malgré ses intentions positives, l'écriture inclusive suscite des débats. Certains avancent qu'elle alourdit les textes et complique la lecture, en particulier pour les personnes ayant des troubles cognitifs ou utilisant des lecteurs d'écran. D'autres estiment qu'elle n'est pas nécessaire et que l'évolution naturelle de la langue suffira à inclure les différentes identités. Toutefois, son adoption progressive dans des institutions, des entreprises et des médias montre son impact croissant dans la société.
L'écriture inclusive continue d'évoluer et de s'adapter aux besoins de la société. Son développement s'inscrit dans une démarche plus large d'égalité entre les genres. Bien que son adoption complète prenne du temps, elle influence déjà significativement notre façon de communiquer.
L'écriture inclusive est une évolution linguistique qui cherche à représenter équitablement les genres dans la langue française. En utilisant des pratiques telles que le langage épicène, le doublet genré, la féminisation des métiers ou encore l'accord de proximité, il est possible de favoriser une communication plus inclusive et respectueuse de la diversité. Si son usage suscite encore des débats, son impact sur les représentations sociales est indéniable et participe à une évolution vers plus d'égalité. L'objectif ultime de l'écriture inclusive est de permettre à chaque individu de se sentir représenté et valorisé dans la langue qu'il ou elle utilise au quotidien.
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